Page:Marcellin, Jornandès, Frontin, Végèce, Modestus - Traductions de Nisard, 1860.djvu/734

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imagina un moyen de la rendre inutile. Il ouvrit pendant la nuit une galerie souterraine qui passait par-dessous le mur de la place, et la poussa sous le chemin où la tour devait passer le lendemain pour approcher des murailles. Les ennemis, qui ne soupçonnaient rien de l’artifice, conduisirent la tour jusque sur l’endroit qui était miné. Le souterrain fondit aussitôt sous le poids de cette masse énorme, qui s’y enfonça de manière qu’il ne fut pas possible de l’en retirer. On fut obligé de laisser là la tour ; ce qui sauva la place.

chapitre xxi.
Des échelles, harpe, exostre et tollenon.

Les tours une fois jointes aux murailles, les frondeurs avec des pierres, les archers, les manubalistaires, les arbalétriers avec les flèches, et en général les gens de traits à coups de plombées et d’autres armes de jet, délogent les assiégés du rempart ; et aussitôt on dresse les échelles : mais on y est souvent exposé au sort de Capanée, à qui on attribue l’invention de l’escalade, et qui fut précipité si rudement par les Thébains, que les poètes ont feint qu’il avait été écrasé par la foudre. Les assiégeants se servent aussi d’autres moyens pour emporter une place : ce sont la harpe ou pont à cordes, l’exostre ou pont à coulisses, et le tollenon ou bascule. La harpe est une espèce de pont-levis, ainsi appelé de sa ressemblance avec l’instrument de ce nom : ce pont de membrures, appliqué perpendiculairement contre la tour, a, comme la harpe, des cordes qui l’abaissent sur le mur par le moyen des poulies ; et aussitôt des soldats, sortant de la tour, se jettent sur les remparts par ce passage. L’exostre est ce même pont que nous avons décrit plus haut, et qu’on pousse en avant du corps de la tour sur la muraille. Le tollenon est une bascule faite avec deux grandes pièces de bois, l’une plantée bien avant en terre, et l’autre qui est plus longue, attachée en travers au sommet de la première, et dans un tel point d’équilibre, qu’en abaissant une de ses extrémités, l’autre s’élève. On attache donc à l’un des bouts de cette poutre une espèce de caisse d’osier ou de bois où l’on met une poignée de soldats ; et, en abaissant l’autre bout, on les élève, et on les porte sur les murailles.

chapitre xxii.
Des balistes, onagres, scorpions, arbalètes, fustibales, frondes, etc., pour la défense des places.

Aux machines d’attaque dont on vient de parler, les assiégés en opposent d’autres, qui sont les balistes, les onagres, les scorpions, les arbalètes, les fustibales, les frondes et les flèches. La baliste se bande avec des cordes de nerfs ; et plus elle a ses bras prolongés, c’est-à-dire plus elle est longue, plus elle pousse loin les traits ; surtout si elle est faite selon les proportions de l’art, et servie par d’habiles gens qui en aient étudié auparavant la portée, elle perce tout ce qu’elle frappe. L’usage de l’onagre est de jeter des pierres ; et, selon qu’il est grand et que ses cordes de nerfs sont grosses, il pousse des corps plus ou moins pesants, mais avec une violence comparable à celle de la foudre. Ces deux machines