Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/139

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prison. Pour sauver Bésenval, le plus coupable des deux, sans soulever trop de murmures, on jeta au peuple la tête de Favras. Ce dernier n’était qu’un simple agent de la cour, et avait droit à plus d’indulgence que le lieutenant général traître à la nation. Mais en exécutant Favras on satisfaisait la foule, et surtout, on acquérait le droit de ne plus inquiéter ses illustres complices.

Loustallot protesta contre les machinations dont Favras était victime, déplorant non pas qu’on eût condamné un innocent, mais qu’on n’eût pas laissé à un coupable le temps et les moyens de se justifier.

« Si j’avais été assassiné, disait le loyal publiciste, et qu’il me fût accordé de revenir sur la terre, ce serait pour effrayer les juges prévaricateurs qui refuseraient d’entendre les faits justificatifs proposés par mon assassin. C’est une chose si bornée, si vague, si incomplète que l’échelle de nos certitudes, qu’il est inconcevable que des officiers judiciaires regardent une accusation comme prouvée, tant qu’un accusé offre de démontrer qu’elle ne l’est pas… »

«…Et, quoique nous désirions ardemment qu’un grand exemple effraye à jamais les brouillons qui soulèvent çà et là nos bons paysans, qui alarment nos frères les pauvres, les ouvriers,