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Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/178

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de vos talents, ne voudrait ni de votre gloire ni de votre conscience. »

No XXXIX. (Du 6 au 12 avril). — Le LivreRouge, sur lequel sont inscrites les pensions accordées aux courtisans, vient d’être publié. Le public peut enfin voir quel scandaleux emploi la royauté faisait de la fortune publique. En haut les dissipations les plus effrénées, en bas la plus horrible misère. Loustallot sent l’indignation lui monter au cœur, et il trace le tableau suivant des souffrances du prolétaire et du paysan : on peut comparer cette page à un passage fameux de La Bruyère[1].

« Pendant les vingt dernières années du règne de Louis XV, et depuis l’avénement de Louis XVI au trône, la misère publique a toujours été croissant ; dans les villes un luxe insensé, qui avait corrompu jusqu’aux dernières classes, cachait une détresse affreuse ; la parure était prise sur les aliments, et le bonheur domestique était sacrifié à des réjouissances de vanité. Dans les campagnes !… le cœur se brise à ce souvenir ! Près des villes, le paysan avait tous les vices qu’elles produisent, et de plus, une rapacité incompatible avec l’amour du travail. Loin des villes, des travaux excessifs ne suffisaient

  1. Caractères, chapitre XI, de l’Homme : « L’on voit certains animaux farouches…, etc. »