Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/61

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chaque individu, forme, dès le premier moment de fermentation, une explosion terrible qui brise toutes les entraves, toutes les chaînes, toutes les barrières. Mais le despote adroit qui pose le joug d’une main légère sur la tête d’un peuple, qui cache sous des fleurs le sceptre de fer avec lequel il le gouverne, peut se promettre un règne sans fin, parce que ce peuple est avili sans qu’il s’en doute, et subjugué sans qu’il s’en inquiète. »

« Il n’est rien d’un aussi haut prix que l’homme, disait le prince d’Orange, et cependant on peut l’acquérir par un coup de chapeau.

« Voilà tout l’art, tout le secret des despotes, des aristocrates, des ambitieux qui n’ont rien à espérer, et qui ont tout à craindre de la force ; ils flattent, ils séduisent, ils acquièrent les hommes qu’ils ne peuvent asservir. »

Ces réflexions sont suggérées à Loustallot par une lettre de M. de Saint-Priest à La Fayette. On va bénir les drapeaux de la garde nationale, et, à cette occasion, le roi juge à propos de flatter un peu les soldats citoyens. Les magasins des Menus fourniront les draperies et les lustres destinés à orner Notre-Dame le jour de la cérémonie. « Sa Majesté, dit Saint-Priest, compte faire usage de cette troupe nationale dans toutes les circonstances importantes. Elle voit avec satisfaction que son zèle se consacre sans réserve au