Page:Marcellin Pellet - Élysée Loustallot et les Révolutions de Paris, 1872.djvu/72

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Faibles Français, enfants enthousiastes, quand saurez-vous qu’il est de l’essence de la liberté d’écrire impunément tout ce que l’on veut sur les hommes publics ? Si l’on supprimait en Angleterre tous les papiers où il y a des calomnies contre les hommes publics, il n’y aurait pas actuellement un seul journal. Il faut, pour le bonheur des individus, pour le maintien de la Constitution et de la liberté, qu’il y ait guerre irréconciliable entre les écrivains et les agents du pouvoir exécutif. Dès l’instant que le pouvoir judiciaire se jette du côté du pouvoir exécutif contre la presse, la balance est rompue, et le peuple est esclave : les ministres et les gens en place sont exposés de droit à la calomnie. Cet inconvénient nécessaire est suffisamment compensé par la jouissance du pouvoir et de la grandeur. Les hommes vertueux, qui exercent des fonctions publiques, ne craignent pas la calomnie ; elle ne perd que les fripons.

« Ces principes vous paraissent étranges, Français ; eh bien, soyez esclaves ! M. Marat peut avoir outragé le bon sens et la raison ; mais il n’a point violé les lois d’un peuple libre ; et si ceux qui ont attenté à sa liberté, à sa propriété, ne subissent pas les peines les plus graves, nous le disons avec une douleur profonde, la Révolution n’est pas encore commencée. »