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L’ÉCONOMIE POLITIQUE.

y emploient leurs capitaux ; mais je ne comprends pas comment il contribue à la richesse du pays : car ni les marchands en gros ni les marchands en détail, ne produisent quoi que ce soit de nouveau ; ils n’ajoutent rien au fonds général de la richesse, ils ne font autre chose que distribuer ce que les autres ont produit. Il est vrai que les commerçants forment une partie considérable de la communauté ; mais si leurs profits sont pris dans la poche de leurs concitoyens, ils peuvent faire fortune sans que le pays en soit enrichi.

MADAME B.

Le commerce augmente la richesse nationale, non en donnant de nouveaux produits bruts, comme l’agriculture, ni en travaillant les matériaux bruts, comme les manufactures ; mais il donne une valeur additionnelle aux marchandises, en les transportant des lieux où elles abondent aux lieux où elles manquent ; en leur procurant une distribution plus étendue, il anime l’industrie agricole et manufacturière.

CAROLINE.

Voulez-vous dire que les marchands, en gros ou en détail, encouragent les fermiers et les manufacturiers à multiplier leurs productions, en trouvant pour ces productions de nouveaux acheteurs ?

MADAME B.

Oui. Vous sentez qu’il serait impossible qu’une ville ou un district pût produire les diverses espèces de marchandises que requiert sa consommation ; il faut pour cela des terrains, des climats différents, et différentes sortes de talents, et d’industries. Il y a des terres propres aux grains ; d’autres aux pâturages ; certaines villes sont célèbres par leurs manufactures de coton, d’autres par leurs fabriques de draps. Chaque lieu donc a certaines marchandises en excès, et manque de quelques autres. C’est là ce qui rend nécessaire un système d’échanges, non-seulement entre individus (comme nous l’observions en parlant de l’origine du troc), mais encore entre les villes et entre les pays les plus éloignés.

Maintenant, l’office des marchands est d’échanger le surplus du produit d’un lieu contre celui d’un autre lieu. Un homme qui fait le commerce d’une marchandise particulière s’occupe de découvrir