Aller au contenu

Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE LUXE

♣ ♣ ♣ ♣



Nous avons eu l’idée de demander aux principaux marchands de cette ville, leur opinion sur la question suivante, à savoir :

Quel est celui des deux sexes qui fait le plus de dépenses pour la toilette ?

Les réponses n’ont pas été aussi concluantes que nous l’aurions voulu.

Quelques-uns se récusent en avouant l’embarras dans lequel les mettrait l’obligation de se prononcer pour ou contre des clients également précieux.

À la vérité, l’impression qui se dégage de leurs déclarations ambiguës c’est que — sauf chez les pauvres gens — l’habillement féminin coûte plus cher que celui du sexe sans vanité.

(Qui est-ce qui proteste ?)

L’un d’eux, pour corriger le mauvais effet de cette affirmation assez nette, ajoute : « Cependant, les femmes achètent avec plus d’économie. »

Des pères de familles, consultés à leur tour, nous ont donné les jugements les plus divers.

Plusieurs hésitèrent et ne purent rien décider. D’autres déclarèrent nettement que le vêtement masculin est, des deux le plus coûteux, ce qui fit hausser les épaules aux heureux pourvoyeurs et propriétaires de quatre ou cinq filles élégantes. Ceux qui — outre un pareil trésor — avaient encore le pesant honneur de sustenter les dignes frères de ces demoiselles hochaient la tête. « Il est vrai que les toilettes de nos filles, disaient-ils, nous prennent beaucoup d’argent, mais… »