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LE LUXE

Ce « mais » est un abîme insondable. Ce mais, sans absoudre les femmes extravagantes, est la condamnation de la grande majorité de l’autre sexe.

Comme son erreur est la cause d’une foule de maux dont il souffre tout le premier, qu’il nous permette de la lui démontrer ici, non dans une idée de récrimination hostile, mais — ainsi qu’on dit aux enfants en leur donnant le fouet — pour son plus grand bien.

Je le répète : rien n’excuse une femme de se livrer à de folles dépenses, pas même l’exemple de son mari.

À quoi songent pourtant certains pères de famille qui prêchent l’économie avec accompagnement de tonnerre chez eux, et qui dépensent pour leurs plaisirs ou — selon leur expression — « pour leurs distractions », autant, ou presque, qu’il en faut pour faire marcher la maison ?

Un petit fait indiscutable éclairera la conscience de tous ces aveugles pécheurs.

Des fortunes s’édifient tous les jours par l’exploitation des défauts du sexe fort accessible à mille faiblesses.

Il y a des cigariers millionnaires ; le commerce le plus lucratif et le plus sûr dans notre ville comme dans bien d’autres, est le débit des liqueurs spiritueuses.

Quand vous visitez les grandes villes d’Europe ou d’Amérique, on signale à votre admiration des édifices exceptionnellement somptueux qui sont des Cercles masculins.

Les sommes d’argent dépensées pour les sports de la chasse, du cheval, et autres aussi peu conjugaux, ne se comptent pas.

Il ne faudrait pas rétorquer que mainte industrie, aussi fertile ou nuisible, doit sa prospérité à l’encouragement des femmes, car il n’en est pas beaucoup de celles-là qui ne recrutent leur clientèle aussi bien dans l’un que dans l’autre sexe.

Est-il raisonnable, dites-moi, qu’un chef de famille, maître d’un certain salaire ou revenu quelconque, force