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LE LUXE

Ceux qui en réalité méritent cette flatteuse épithète doivent être qualifiés de nigauds par leurs brillants camarades, car leur vie n’offre pas le même cachet de haute élégance.

Sur la route de chacun comme sur le chemin de Damas, la Providence a placé l’ange du salut. C’est un amour simple et vrai qui attire, qui séduit chez les jeunes gens ce que la jeunesse a de pur et de droit.

Ceux qui obéissent à la grâce et se marient tout bonnement, comptant sur le secours de Celui qui donne aux petits oiseaux la pâture ; sur le bon sens et le dévouement de celle qu’ils épousent, mais surtout sur leur travail et leur courage, voilà, à mon sens, les « bons partis, » tout pauvres qu’ils sont.

Quand les autres s’écrient, que la vie devient bien dure ! qu’on ne peut plus songer à se marier, que les jeunes filles sont trop exigeantes, et qu’il faut trop d’argent pour se mettre en ménage, il entre plus d’égoïsme que de prudence dans leur déclamation.

Ils ont peur des privations pour eux-mêmes. Le luxe, ou, pour mieux dire, le gaspillage, leur est devenu une seconde nature. L’idée de se réformer les épouvante. Le bonheur leur semble acheté trop cher au prix de quelques sacrifices. Ils y renoncent sans trop de peine au moment où ils tiennent toutes les compensations du plaisir. Cette résignation fatale est la première punition de leur endurcissement.

Tant d’erreurs ont pour point de départ ce principe faux adopté de bonne heure :

Que la fréquentation des salons et la nécessité de faire face à toutes les obligations sociales constituent une taxe fort onéreuse pour un jeune homme un peu répandu.

Voilà le premier prétexte qui les jette dans cette « vie de garçon » dont les exigences moins avouables deviennent beaucoup plus considérables.

Le seul article de ces libations intelligentes, cet arro-