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TOUJOURS DU LUXE

Pourquoi les communautés religieuses ne fonderaient-elles pas dans certains districts de la campagne des maisons spécialement dévouées à cet objet ?

Le Conseil National des Femmes poursuit justement ce but pratique. À chacune de ses sessions on s’applique à trouver les moyens d’introduire dans les écoles l’enseignement des arts manuels.

Cette innovation serait un bienfait non seulement pour les populations des campagnes, mais aussi pour nos jolies citadines, qu’elle rendrait plus pratiques.

Car, sans vouloir nous faire une querelle avec quelques-unes de nos jeunes lectrices, il faut avouer que nous avons dans notre sac quelques vérités à leur dire. Sur ce chapitre du luxe nous aurions un gros sermon à faire si les sermons n’étaient si ennuyeux, et pour qui les écoutent et pour qui les fait. Qu’elles nous permettent seulement de leur indiquer quelques occasions où on les voit le plus souvent céder à la séduction du luxe.

Un grand nombre, du reste, ne sont en ceci coupables que d’inconscience. Elles obéissent à un entraînement contre lequel on ne les met pas assez en garde. Elles font… comme les autres, et usent de la latitude qu’on leur donne.

Que la pensée de leurs torts viennent seulement à les frapper, et il est certain que le premier pas sera fait vers leur amendement.

D’abord, mesdemoiselles — c’est à vous que je m’adresse — c’est un luxe que de perdre son temps.

Songez que Dieu a dit à l’homme : Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ! Personne dans la pensée du Créateur n’a été dispensé de cette peine, et tous ceux qui vivent dans l’oisiveté le font aux dépens des autres.

Réfléchissez aussi — cela vient d’être démontré scientifiquement — que la terre actuellement ne produit pas assez pour nourrir tous ses habitants ; que si l’on partageait également entre les hommes vivants ses ressources présentes, personne n’en aurait « à sa faim. »

Ne répugnez-vous pas à être du nombre des parasites