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Le tact délicat de la mère de famille doit s’exercer à élever ces entretiens familiers au-dessus de la médisance ou même de l’inutilité. Quand son infériorité la rend indigne ou incapable de ce rôle, je ne comprends pas les maris qui laissent rétrécir les idées de leurs enfants à la mesure de son petit cerveau. Il serait si aisé de les faire causer de leurs études ; de former leur jugement en provoquant des opinions sur les questions du jour ; de cacher dans l’énonciation d’un fait ou le récit d’un événement, un principe de probité, un conseil salutaire. Le mot « élever ses enfants » n’a pas d’autres sens que celui-là.

Si l’on pouvait mettre ses griefs, ses ressentiments contre le prochain ou ses petites querelles de côté dans la vie commune on verrait combien l’on y gagne.

On ne saurait trop le répéter : le ton de la conversation de famille est le principal facteur dans la formation du caractère.

J’imagine que l’élégant et profond auteur des « avis spirituels aux femmes du monde » est de vos connaissances. Vous avez peut-être lu le chapitre où il enseigne « ce que doit être la conversation. »

Vous savez alors avec quel sens élevé il traite des rapports mondains et avec quelle largeur de vues il sait allier toutes les grâces à l’esprit religieux dans ce qu’il appelle, non pas les plaisirs, mais les devoirs d’une femme du monde.

Voici donc le petit conseil qu’il donne à propos des entretiens féminins : « Donnez la préférence aux conversations sérieuses… Relevez-les sans pédanterie si on les laisse promptement tomber. Il est assez ordinaire aux jeunes femmes de trouver « triste » une conversation sérieuse ; c’est que les esprits frivoles confondent la raison avec la mauvaise humeur, ou s’ennuient, d’être forcés de penser. ».

Si la jeune fille était plus sérieuse, si elle mettait dans sa vie une préoccupation, un but, n’importe les-