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Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/16

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NOS TRAVERS

Des gens d’esprit comme Fénelon, autrefois, comme le célèbre évêque d’Orléans et Mgr d’Hulst de nos jours, en ont courageusement pris leur parti. Ils ont se dire avec leur gros bon sens : « Puisqu’elles y sont, qu’elles demeurent, et que leur influence s’impose à notre fortitude même ; du moment qu’elles n’acceptent pas toutes ce beau rôle, cette mission admirable d’être les servantes de la moitié supérieure de l’humanité ; puisque ces rebelles cherchent, ou dans les plaisirs futiles ou jusques dans les livres la satisfaction d’une intelligence que le Créateur a oublié de ne pas leur donner, eh bien, arrangeons-nous pour ne pas trop en souffrir. »

Ils ne trouvèrent pas de meilleur moyen que de permettre aux femmes de leur ressembler un peu. Oh ! un tout petit peu. Ils leur assignèrent des limites — ce n’est pas moi qui les en blâmerai.

Ils la voulurent instruite ; pas savante. C’était sage, car cela suffit à moraliser sans rendre pédante ou infidèle aux devoirs essentiels de la mère et de l’épouse.

À la vérité le remède ne fut pas généralement approuvé. Beaucoup soutinrent que ces concessions aggraveraient les abus. Certaines fortes têtes refusaient de transiger et déclaraient qu’on devrait enfermer plutôt les femmes qui s’obstineraient à « sortir de leur sphère. »

Parmi ces Samsons, malheureusement, il y en avait beaucoup dont les cheveux n’étaient pas assez repoussés pour les mettre en état de prêter main forte à cette mesure de rigueur.

De sorte qu’il y eut toujours du « pour » et du « contre ».

Mais il est rassurant pour celles qui aiment à concilier leur devoir avec les aspirations de l’esprit, d’avoir de leur côté des personnages tels que ceux cités plus haut. Cela console d’en avoir bien d’autres contre soi, même Joseph de Maistre qui fut puni de son aigreur à l’endroit des « intellectuelles » par une fille supérieure.