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Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/173

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LE SENTIMENT RELIGIEUX

moralité. (Il ferait beau voir, vraiment, que nous l’eussions !) Au demeurant il ne faut pas trop s’étonner de voir pêcher les hommes ; ce qui ne se peut tolérer toutefois c’est qu’on profane le titre de catholique, c’est qu’on le compromette et qu’on l’avilisse aux yeux de ses adversaires en en faisant le bouclier de tant de turpitudes.

Si l’on tient, vraiment à ce titre, et si l’on veut être conséquent, il faut cesser de regarder comme une excentricité le courage de conformer ses actes aux principes qu’on prétend avoir. Il faut chercher ailleurs que dans les mauvais exemples le modèle de sa vie.

Je sais trop à quoi je m’exposerais en recommandant à mes concitoyens la lecture de l’Imitation et celle de la vie des grands saints, qui feraient pourtant un excellent contrepoids à la pratique de l’équité légale et de la justice humaine.

Dans la crainte de paraître du premier coup excessive, je m’arrêterai à mi-chemin. Manquant de l’autorité que demande le genre de la prédication, je me bornerai à émettre un humble conseil :

Que mes concitoyens — pour ne parler que de leur devoir de patriotes — lisent les « Vies illustres » de Plutarque. Qu’ils écoutent ces paroles d’un homme d’état français qui, dans l’âge corrompu où nous vivons a donné en politique, l’exemple d’une probité impeccable :

« Je crois que nous tournons le dos à la vérité, en prenant pour but de nos efforts l’accroissement du seul bien-être des hommes ; nous oublions que le véritable levier du monde et la cause la plus certaine de tout bonheur, c’est le sacrifice et la joie de se sacrifier. »

« L’individu est un monstre dans la nature, et il ne revient à l’équilibre et à la santé qu’en se subordonnant à un ensemble le plus vaste possible, et finalement à un idéal. »

« Tout admirateur que je suis des philosophes grecs