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LE CELIBAT

rémédiable, se hâteront en un effort suprême de joindre l’armée régulière.

Il ne manque pas de blanches et pures épousées pour mettre avec une tendre émotion et une absolue confiance leur petite main tremblante dans leur patte velue.

Sont-ils dignes d’une telle faveur et surtout de cette divine joie des pères d’avoir suspendus au cou, accrochés aux bras ou à cheval sur leur pied, de frais chérubins dont la chair sent la crème et les roses ?

Ont-ils mérité d’avoir pour les chérir et les respecter fanatiquement, ces belles filles qu’on leur envie et qui peuplent de rayons la misère de leurs derniers jours ?

Qu’ils répondent. Dans la note attendrie, dans le pieux ravissement de leur reconnaissance je crois voir un indice certain de leur profonde et légitime humilité.

Ne semble-t-il pas qu’il serait juste que cette espèce d’époux fût réservée exclusivement aux femmes ayant déjà été mariées ? De cette façon personne ne serait dupé. Cette précaution est au surplus toute indiquée par le mot de saint Jérôme aux veuves trop consolables.

— « Prenez un mari plutôt que le diable. »

Mais l’exemple des camarades convertis a-t-il au moins pour effet d’amener les autres à résipiscence ?

Trop souvent, ce courage des résolutions fortes leur manque comme à tous ceux que l’habitude de l’âpre devoir n’a pas aguerris.

Qui nous délivrera donc de ce fléau des familles, de ce brandon de discorde pour les ménages unis, de ce serpent tentateur des maris bien intentionnés ?

C’est affaire aux législateurs de supprimer les dangers publics. Au cas où ils useraient envers celui-ci de la pire sévérité, je crois que personne ne s’élèverait pour les en blâmer, si ce n’est, peut-être, une intime minorité de gens pour lesquels les célibataires sont des oncles à héritages.