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Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/54

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FEMMES SAVANTES

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Vous avez donc réellement peur, messieurs, que nous devenions des femmes savantes, ou « croyant l’être » ? Rassurez-vous. Et si cette crainte est le secret de certaines hostilités hâtez-vous de rengainer.

Disons tout d’abord qu’on ne prend pas ici les armes au nom des « femmes savantes. »

Défendra qui voudra ces phénomènes si amusants, que je n’ai jamais rencontrés qu’au théâtre.

Il faudrait, pour aspirer au titre de « lettrée » seulement, une éducation plus complète que celle que reçoivent les femmes en ce pays. Il faudrait un entraînement, une discipline scolastiques moins rudimentaires, une atmosphère intellectuelle autre que celle qu’on respire ici pour espérer d’égaler dans les lettres françaises nos compatriotes d’outre-mer.

Nous avons, nous canadiens-français, isolés du berceau de notre nationalité au sein d’un élément étranger, ce malheur d’avoir quelque peu oublié notre langue. Cette ancienne et fidèle compagne, comme une amie négligée, a maintenant des secrets pour nous : elle semble revêtir, quand nous la rencontrons face à face, dans sa patrie ou dans les œuvres du génie français, un air de supériorité, ces façons différentes qui mettent une gêne dans les rapports entre étrangers ou bien entre gens qui ont cessé depuis longtemps de se bien comprendre.

C’est ce qui fait que ceux de nos écrivains qui ont le loisir et le courage de lutter avec une persévérance in-