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FEMMES SAVANTES

défectible contre la situation défavorable qui est faite aux littérateurs canadiens, ceux qui, ayant beaucoup de talent, se livrent à un travail opiniâtre, peuvent seuls espérer d’occuper une place convenable dans les lettres françaises.

Nous n’ignorons pas combien d’efforts il nous reste encore à faire avant de devenir seulement instruites.

Mais d’où vient que les hommes prennent comme une démarche agressive les tentatives que fait la femme pour s’élever ? D’où vient qu’ils s’effarent à ce point quand nous parlons de changer notre train de frivolité en une vie plus sérieuse ?…

Si la terreur de se voir égalés ou surpassés les inspire, qu’ils nous permettent encore une fois de calmer leurs alarmes.

Nous sommes si éloignées de leur porter ombrage que quand nous parlons d’étudier ou de cultiver la littérature, nous n’entendons que dissiper un peu les voiles de notre profonde ignorance.

L’aveu nous est pénible, mais l’inquiétude du sexe supérieur, ou « croyant l’être, » l’exigeait.

Par conséquent, avec ou sans la permission de ces messieurs, nous continuerons de chercher à nous instruire, sans craindre l’excès qu’on a la bonté de croire si près de nous.