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UN USAGE INOPPORTUN

compromettre irrémédiablement l’effet bienfaisant que les grâces d’un jour exceptionnel exercent sur toute la vie.

Rien n’est plus déplacé que l’étalage des bibelots mal appropriés à la sainteté de la circonstance, et que le papotage des convoitises enfantines autour de l’exposition des cadeaux dont l’angélique communiante fait les honneurs avec l’air triomphant d’une fiancée.

On les expose ainsi à bien des tentations d’amour-propre, d’envie, d’égoïsme, nos petits anges. Encore une fois, on leur gâte une joie céleste qu’ils ne retrouveront plus.

Je voudrais que la mère respectât le bonheur de son enfant et qu’elle écartât tout ce qui peut empêcher l’âme blanche de s’élever d’un vol libre comme une divine colombe vers le ciel.

Si l’on s’obstine malgré ses prières à accabler le petit de présents, que sa main discrète éloigne, au moins pour un temps, ces sujets de dissipation ; qu’elle garantisse ainsi la joie, pure et la paix ineffable de la petite âme visitée par Dieu.

Je souhaite qu’on le comprenne, et qu’on ne prive pas nos chers enfants du privilège d’être des anges une fois dans leur vie et durant tout un jour.