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LES DÉMONSTRATIVES

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Mirabeau disait : « Voulez-vous être écouté, parlez bas ». Ainsi l’on pourrait conclure, d’après le même principe, que pour être recherchée il ne faut s’imposer ni aller au-devant des chercheurs.

Chacun reconnaîtra facilement, en consultant son expérience, que ces natures féminines trop généreuses, qui ne dédaignent pas de faire à l’autre sexe de flatteuses avances, eurent toujours le sort des vierges folles de l’Évangile.

Leur prodigue imprévoyance aboutit à leur propre malheur, et ceux pour lesquels elles brûlent inutilement l’huile de leur lampe écartent ces importunes pour voir si chez leurs prudentes sœurs ils ne trouveront pas un meilleur choix.

Qui trop ambitionne obtient peu. Nos exubérantes en sont souvent réduites, après avoir offert l’encens à tous les beaux de leur génération, à épouser, comme pis-aller, quelque obscur rentier ou tabellion à lunettes qui les aiment malgré elles et leur assurent un avenir.

Nous avons parlé d’avances faites par les jeunes filles à ceux qui leur doivent tous les hommages.

Vous demanderiez aux plus avancées d’entre elles en quoi cela consiste, qu’elles seraient impuissantes à le dire, tant est grande leur inconscience et leur ignorance candide pour ce qui distingue le permis d’avec l’inconvenant. Qui leur a jamais dit, par exemple, qu’il était contraire à leur dignité de se laisser accaparer dans un bal par le même cavalier plusieurs danses durant ? Cette condescendance justifie l’orgueilleuse