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NOS TRAVERS

de larmes ce mot résume pour quelques-unes tout ce qu’une femme peut souhaiter de mieux — ne se trouve pas toujours au sein d’un bruyant cotillon, sur un champ de tennis ou parmi les coquillages d’une plage à la mode.

Les chrysalides qui recherchent l’occasion de se transformer en bons maris, fréquentent bien comme les autres les endroits profanes, mais s’ils ont la vanité d’y promener à leur bras celles « qui font fureur », il est rare qu’ils ne cherchent pas parmi les jeunes filles moins populaires, l’ange modeste qu’ils rêvent de voir à leur foyer ; c’est à de plus simples et de plus timides en réalité qu’ils parleront le langage grave et doux de l’amour sincère. C’est à celles-là qu’ils diront avec émotion après un jeune poète canadien bien connu par ses succès dans la prosaïque science de la politique :

 
Ô vous dont la voix est si douce,
Dont le regard est infini,
Heureux celui qui, dans la mousse,
Avec vous bâtira son nid.


C’est en vain qu’ils essaieraient d’ailleurs, de faire entendre de pareilles choses à la mondaine brillante et frivole.

Cette conquérante, avide d’hommages nouveaux, préoccupée de la quantité plutôt que de la qualité des admirateurs, ne s’arrête pas à pénétrer le sens intime des déclarations qui pleuvent à ses pieds.

Qu’elles soient banales, sottes, convaincues ou spirituelles, peu importe pourvu qu’on les lui fasse.

L’habitude des louanges, l’adulation ont tellement exacerbé sa vanité que d’en manquer un seul jour ferait son malheur. Comme les pauvres reines pour qui le souci de leur rang et de leur réputation passe avant tout, elle arrivera insensiblement à sacrifier à son orgueil les plus chers intérêts de son cœur.