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Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/82

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NOS TRAVERS

piège d’innocentes victimes, ce qui ne le gêne en rien pour n’admettre ensuite aucune circonstance atténuante dans l’arrêt qui les condamne.

Apprendrai-je aux personnes mal guidées qui ajoutent sans cesse au code reconnu de la bienséance des exceptions par trop hardies, que les mêmes jeunes gens qui ont été le mobile ou les instigateurs de leur conduite audacieuse, seront justement les témoins compromettants dont le sourire énigmatique et plein de fatuité insinuera plus que la vérité.

Car le sexe protecteur de notre faiblesse féminine commence toujours par être son ennemi. Sa protection débute au point où ses tentations échouent ; elle s’accorde à qui a eu l’héroïsme d’éviter ses embûches.

Si un homme trouve sur son chemin des innocentes imprudemment lâchées, des étourdies livrées à elles-mêmes, ou des coquettes trop amoureuses du flirt, le monde l’exonérera toujours d’avoir contribué à compromettre ces inconscientes désarmées.

— Qu’elles ne s’exposent pas, dit sa justice inexorable. Que les parents qui ont le souci de la réputation de leurs filles les gardent et les protègent. On n’est pas tenu d’avoir des égards pour ce qui traîne partout sans paraître appartenir à personne.

Comprenez-vous, les parents ayant l’expérience de ces choses, connaissant la vie, et qui lancent leurs enfants sans guides dans le monde où elles ne rencontrent que dangers, hostilité et rarement un bon conseil.

La première fois qu’une jeune fille va en soirée, sa mère trouve au retour plus d’une observation à lui faire, ou sur son maintien ou au sujet de quelqu’enfantine étourderie qui pour être le fruit d’une ignorance candide n’en doit pas moins être strictement réprimé.

Elle se sera laissé accaparer une partie de la soirée par quelque joli garçon, ou n’aura trouvé aucun incon-