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LES ÉMANCIPÉES

peut-être, la nouveauté et l’étrangeté de la situation mettent en éveil la malveillance du monde.

On m’a raconté qu’il y a deux ou trois ans une jeune fille avait été invitée à déjeuner à bord d’un vaisseau de guerre. On n’explique pas pourquoi son père et sa mère lui permirent de se rendre sans eux à la prière des galants marins, mais les autres convives survenant un moment après elle, remarquèrent en entrant dans le carré des officiers, le chapeau de cette émancipée qu’elle avait déposé sur le piano et que recouvraient en partie les coiffures galonnées de ses hôtes. L’irrévérence était peut-être involontaire, mais elle était flagrante. Je me figure que si le gentil couvre-girouette de la demoiselle s’était abrité à l’ombre des ailes en dentelle noire d’une capote maternelle, les casquettes marines se seraient maintenues à une distance respectueuse.