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NOS TRAVERS

tout le monde. » Un grand écrivain du dix-huitième siècle, Diderot, rend aussi témoignage à cette volupté, fruit de tout labeur consciencieux : « Travaillons, dit-il, quand cela ne servirait qu’à faire oublier la vie. »

Pourquoi les désœuvrées qui promènent leur ennui dans le monde n’essaieraient-elles pas la recette ?

Á mon tour je me permettrai de dire à ces inutiles : Travaillez, et ce pessimisme aigri et cette rancune injuste envers la Fortune, de laquelle vous attendez tout sans faire la moindre avance, fera place dans votre esprit à une heureuse philosophie, à une entente moins amère et plus raisonnable de la vie.

Travaillez, et le diapason intellectuel de notre société s’élèvera rapidement. Les jeunes gens, dans la crainte de se voir dépasser, se mettront peut-être aussi à l’étude, alors la conversation des salons sera autre qu’un tissu de banalités, de frivolités et de médisances.

Travaillez, et vous serez meilleures. La bonté paternelle de Dieu a mis son empreinte jusque dans l’anathème qui condamne la créature à gagner son pain à la sueur de son front.

Au fond de la coupe maudite se trouve la pure ivresse — incomparable pour qui l’a ressentie déjà — du devoir accompli.