Page:Marchant de Beaumont - Manuel et itinéraire du curieux dans le cimetière du Père la Chaise.djvu/34

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fluence sur l’esprit d’un vieillard jaloux d’expier les péchés de sa jeunesse, il lui faisait départir, pour la plus grande gloire de Dieu, à ses seuls amis, emplois, honneurs, dignités, richesses, puissance ; en même temps il écrasait ses adversaires sous le poids de la disgrâce, il violentait leurs consciences par la perte de leur repos, par la privation de leurs biens, de leurs emplois, de leur liberté ; par l’exil, par la pauvreté, par la misère, par le tourment de leurs familles, par le péril de leurs vies. Sans cesse il enseignait au Prince que sa volonté, supérieure aux lois, était la loi suprême, afin de lui arracher à chaque moment des ordres arbitraires ; le peuple n’était qu’un troupeau d’ilotes attachés à la glèbe, dont tous les biens appartenaient au roi : il pouvait lever des impôts à merci ; les parlemens étaient des factieux lorsqu’ils se refusaient à trahir les lois antiques, les vieilles maximes du royaume, le véritable intérêt de l’État, la justice. Tous les adversaires des Jésuites étaient des hérétiques, gens pervers ; le monarque, par piété, les devait sans relâche accabler de son courroux, afin d’en extirper la race ; chacun des coups qu’il leur portait était un titre au bonheur éternel. Tout tremblait devant le Jésuite confesseur du roi, tout ce qui lui résistait était foulé à ses pieds. Tel fut le joug dont la France fut accablée pendant