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mentale de ladite colonne. Les chrétiens leur offrirent une somme raisonnable pour le prix de leur pierre, mais ils ne consentirent point, voulant absolument leur pierre. Ce qu’ils faisaient par malice et parce qu’ils s’attendaient qu’en l’ôtant de sa place, l’église serait entièrement renversée. Les chrétiens, voyant bien qu’il n’y avait pas à regimber contre l’éperon et qu’ils n’étaient pas les plus forts, eurent recours au Dieu tout-puissant et à son saint Jean-Baptiste, les priant avec larmes de les secourir dans un si grand embarras. Le jour étant venu où l’on devait tirer la pierre de dessous la colonne, le bon Dieu permit qu’il en arrivât tout autrement que ce à quoi les mahométans s’attendaient ; car la colonne se trouvant suspendue de sa base de la hauteur de trois paumes, ne laissa pas de rester en état par la vertu toute-puissante de Dieu ; lequel miracle continue encore à présent.

XL
De la province de Yarchan.


Étant partis de cette ville, nous entrâmes dans la province de Yarchan (Yarckand), faisant environ cinq jours de chemin. Cette province est abondante en tout ce qui est nécessaire à la vie ; elle est sujette du neveu du Grand Khan. Les habitants révèrent Mahomet ; il y a cependant parmi eux quelques chrétiens nestoriens.

XLI
De la province de Cotam.


La province de Cotam suit la province de Yarchan ; elle est située entre l’orient et le septentrion ; elle obéit au neveu du Grand Khan ; elle a plusieurs villes et villages, dont la capitale est appelée Cotam. Cette province peut avoir huit journées de long, il n’y manque rien de ce qui est nécessaire à la vie ;