Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/181

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elle a beaucoup de soie et de très bonnes vignes en quantité. Les hommes n’y sont pas aguerris, mais fort adonnés au trafic et aux arts ; ils sont mahométans.

XLII
De la province de Peim.


En allant par la même plage, on trouve la province de Peim (Paï ou Baï), qui a environ cinq journées d’étendue. Elle est sujette du Grand Khan et renferme plusieurs villes et villages. La capitale s’appelle Peim, qui est arrosée par une rivière, où l’on trouve des pierres précieuses, à savoir du jaspe et des chalcédoines. Les habitants de ce pays-là révèrent Mahomet, et sont fort adonnés aux arts et au trafic ; ils ont de la soie en abondance, de même que toutes les choses nécessaires à la vie. C’est une coutume dans cette province que quand un homme marié est obligé pour quelque affaire d’aller en voyage et qu’il demeure vingt jours dehors, il est permis à la femme de prendre un autre mari, et le mari peut à son retour épouser une autre femme, sans que cela fasse aucune difficulté.

XLIII
De la province de Ciartiam.


Après cela on vient à la province de Ciartiam (Kharachar), qui est sujette du Grand Khan, et qui renferme beaucoup de villes et de châteaux ; la ville capitale est appelée du nom de la province. On y trouve dans plusieurs rivières beaucoup de pierres précieuses, surtout des jaspes et des chalcédoines, que les marchands portent à la province de Cathay (Chine orientale). La province de Ciartiam est fort sablonneuse, ayant plusieurs eaux amères, ce qui rend la terre stérile. Quand quelque armée étrangère passe par ce pays-là, tous les habitants s’enfuient dans le pays voisin avec leurs