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aucunement endommagées. C’est de cette manière aussi qu’ils ôtent les taches sur ces étoffes, car elles sortent du feu sans aucune souillure. À l’égard du serpent (ou lézard) nommé salamandre, que l’on dit qu’il vit dans le feu, je n’ai pu rien apprendre dans les pays orientaux. On dit qu’il y a à Rome une nappe d’étoffe de salamandre, où le suaire de Notre Seigneur est enveloppé, de laquelle un certain roi des Tartares a fait présent au souverain pontife.

XLVIII
De la province de Suchur.


Ayant laissé derrière soi la province de Chinchinthalas, on prend un chemin qui mène à l’orient environ de dix journées de suite, où l’on ne trouve aucune habitation, si ce n’est en peu d’endroits, après quoi l’on entre dans la province de Suchur (Sou-Tchéou), où l’on trouve beaucoup d’habitations et de villages. La capitale s’appelle aussi Suchur. Dans cette province la plus grande partie des habitants est idolâtre, et il y a quelques chrétiens ; ils sont tous sujets du Grand Khan. Ils ne trafiquent point et se contentent de vivre des fruits que la terre produit. On trouve dans les montagnes de cette province de la rhubarbe[1], que l’on transporte par toute la terre.

XLIX
De la ville de Campition.


Campition (Kan-Tchéou) est une ville grande et célèbre ; elle commande au pays de Tanguth. Ses habitants sont partie chrétiens, partie mahométans, et partie

  1. C’est à la Chine que nous devons cette plante, qui, ne jouant guère chez nous qu’un rôle officinal, est fort appréciée comme végétal alimentaire chez nos voisins d’outre-Manche.