Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/188

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idolâtres. Ces derniers ont plusieurs monastères où ils adorent leurs idoles, qui sont faites de terre, de bois ou de boue, dorées par-dessus ; il y en a de si grandes qu’elles ont dix pas de long, auprès desquelles il y en a de plus petites, qui sont dans une posture respectueuse. Ces idoles ont leurs sacrificateurs et leurs religieux, qui, en apparence, vivent plus régulièrement que les autres, car plusieurs gardent le célibat et s’attachent à l’observation de la loi de leurs dieux. Ils comptent leur année par lunes, aussi bien que leurs mois et leurs semaines. Dans ces lunes ils s’abstiennent, pendant cinq jours, de tuer ni bête ni oiseau, et de manger aucune viande. Ils vivent aussi pendant ces jours-là plus exactement. Les idolâtres ont en cette ville une coutume, que chacun peut avoir autant de femmes qu’il en peut nourrir ; la première est seulement la plus estimée et passe pour la plus légitime. Le mari ne reçoit point de dot de sa femme ; mais il lui en assigne une en bestiaux, en argent, en serviteurs, suivant ses moyens. Si un homme se dégoûte de sa femme, il lui est permis de la répudier. Enfin cette nation regarde comme permises bien des choses que nous regardons comme de grands péchés. Ils vivent en beaucoup de choses comme les bêtes ; car j’ai eu le temps de connaître leurs mœurs, ayant demeuré dans cette ville avec mon père et mon oncle pendant un an, pour quelques affaires.

L
De la ville d’Ézina et d’un autre grand désert.


De la ville de Campition jusqu’à Ézina[1] il y a douze journées. Cette dernière est bornée au septentrion par un désert sablonneux ; il y a beaucoup de chameaux et plusieurs autres animaux et des oiseaux de divers genres. Les habitants sont idolâtres, négligeant le

  1. I-tzi-naï, aujourd’hui détruite. (P.)