rait le secours de votre Dieu dans sa malice ; mais lui, comme un Dieu qui est bon et juste, n’a point voulu favoriser ses mauvais desseins. » Ensuite il ordonna aux juifs et aux mahométans et à tous les ennemis du nom chrétien de ne pas blasphémer davantage contre le Dieu des chrétiens ni contre sa croix ; et de cette manière il leur imposa silence. Koubilaï, ayant ainsi apaisé le tumulte, s’en retourna, rempli de gloire et de joie de sa victoire, à sa ville royale de Cambalu[1].
Le roi Koubilaï, ayant été vainqueur, récompensa les généraux, les capitaines et les soldats de son armée en cette manière. Celui qui commandait avant cela à cent soldats fut élevé à un plus haut degré, le faisant chef de mille, et ainsi des autres chefs ; il leur fit aussi présent de vases d’or et d’argent, de tablettes royales, sur lesquelles étaient gravés des privilèges et des exemptions. D’un côté de ces tablettes était écrit : « Par la vertu toute-puissante du grand Dieu, et à cause de la grâce qu’il a accordée à l’empereur, le nom du Grand Khan soit béni ! » De l’autre côté était gravée la figure d’un lion, avec le soleil ou la lune, ou l’image d’un griffon ou de quelque autre animal. Or quiconque a une de ces tablettes avec le soleil ou la lune empreints dessus, lorsqu’il marche en public, on lui porte le pallium pour marque de sa grande autorité ; celui qui a la figure du griffon peut conduire et mener avec lui, d’un lieu à un autre, toute la milice de quelque prince que ce soit ; et de cette manière ces tablettes montrent le degré d’honneur et de dignité de ceux qui les possèdent, suivant les différentes choses qui y sont gravées, et qui sont significatives du pou-
- ↑ Khan-Balikh, ou la ville du Khan, aujourd’hui Pékin. (P.)