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voir qu’elles représentent. Et si quelqu’un refusait d’obéir à la vue de ces tablettes, suivant l’autorité qui y serait exprimée, il serait tué comme rebelle aux ordres de l’empereur.

VIII
Portrait du roi Koubilaï, de ses femmes et de ses fils.


Le roi Koubilaï est un fort bel homme, d’une médiocre taille, ni trop gras ni trop maigre, ayant le visage rouge et ouvert, de grands yeux, le nez bien fait, et tous les traits et les parties du corps fort bien proportionnées ; il a quatre femmes qu’il regarde comme légitimes, et le fils aîné de la première est son successeur à la couronne. Chacune de ces quatre femmes tient sa cour particulière dans son palais, ayant environ trois cents filles pour la servir et beaucoup d’autres domestiques, chacune ayant bien dix mille personnes en sa cour. Le roi a, outre ces quatre femmes, plusieurs épouses non légitimes : car il y a parmi les Tartares une certaine nation, que l’on appelle Ungrac, qui produit de très belles femmes et bien élevées, dont il entretient dans son palais une centaine des plus accomplies. Au reste, le roi a de ses quatre femmes légitimes vingt-deux fils ; l’aîné de la première s’appelait Chincis ; il devait lui succéder à l’empire s’il n’était pas mort avant son père. Ce Chincis a laissé un fils, nommé Temur, qui est prudent et exercé aux armes et succédera à Koubilaï son grand-père à la place de son père. Au reste le roi Koubilaï a vingt-sept garçons de ses femmes non légitimes, qui sont tous de grands seigneurs à sa cour.