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de Babylone et ils ont des poils de toute sorte de couleurs, blancs, noirs et rouges, et ils sont aussi dressés à la chasse : car les chasseurs s’en servent le plus souvent pour prendre des sangliers, des ours, des cerfs, des chevreaux, des ânes sauvages et des bœufs sauvages. On a coutume de mener deux lions sur une espèce de traîneau pendant qu’on va chasser, qui sont suivis chacun d’un petit chien. L’empereur a aussi plusieurs aigles apprivoisés, qui prennent les lièvres, les chevreaux, les daims et les renards. Il y en a parmi ces aigles de si audacieux qu’ils se jettent sur les loups avec impétuosité et les fatiguent tellement, que les hommes peuvent les prendre après cela sans peine et sans danger.

XVIII
De l’ordre observé quand le Grand Khan va à la chasse.


Le Grand Khan a deux barons qui sont comme ses grands veneurs ; chacun de ces barons a bien dix mille hommes sous lui, qui ont l’intendance de toutes les choses nécessaires à la chasse ; car ils nourrissent de grands chiens et les dressent, et quand le Grand Khan veut prendre ce divertissement et faire une partie de chasse extraordinaire, les deux barons dont nous avons parlé mènent avec eux les vingt mille hommes qu’ils commandent et une grande troupe de chiens, qui sont ordinairement environ cinq mille, et vont se placer dans l’endroit où le roi veut chasser. Le roi se tient avec sa cour au milieu de la plaine, et les deux grands veneurs avec leurs gens se tiennent à droite et à gauche du roi ; la troupe de l’un de ces grands veneurs est habillée de rouge, et celle de l’autre l’est de bleu. Les hommes de chaque troupe se tiennent côte à côte sur une ligne, et deux de l’autre sont de même vis-à-vis ; ils occupent un si grand terrain de cette manière qu’il faudrait bien employer un jour entier pour pouvoir aller des premiers jusqu’aux derniers. Ils ont leurs chiens