Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/223

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Ces sortes de gens s’appellent en langue tartare « toscaor », qui veut dire gardes, et ils ont une certaine manière de rappeler les oiseaux quand ils veulent ; et il n’est pas nécessaire que le chasseur qui lâche l’oiseau le suive, parce que ceux dont nous venons de parler ont l’œil et doivent prendre garde qu’aucun ne se perde ou ne soit blessé. Ceux qui sont le plus près d’un oiseau, pendant le combat, sont obligés de le secourir ; les oiseaux que l’on lâche ainsi ont une petite tablette du prince ou de son chasseur, afin que si elle venait à s’égarer, on pût la connaître et la reporter. Si on n’en connaît pas la marque, on la porte à un baron, que l’on appelle à cause de cela, en langue du pays, « bularguci », c’est-à-dire gardien des oiseaux perdus, et il les garde jusqu’à ce qu’on les lui demande. Il en est de même des chevaux ou des autres choses perdues à la chasse. Et quiconque ne porte pas sur-le-champ à ce baron quelque chose qu’il a trouvé à la chasse, et s’en sert pendant quelque temps, est puni comme voleur. C’est pourquoi ce gardien des choses perdues fait mettre son étendard sur quelque éminence pendant que la chasse se fait, afin qu’on l’aperçoive de loin, au milieu d’une si grande multitude de monde qui se trouve là, et que par ce moyen on lui puisse rapporter les choses perdues.

XX
Des tentes magnifiques du Grand Khan.


Pendant que l’on se divertit à la chasse des oiseaux, on arrive dans une plaine où il y a des tentes dressées, tant pour le roi que pour toute sa cour, au nombre d’environ dix mille, qui sont rangées dans l’ordre que je vais dire. Il y a premièrement une grande tente sous laquelle mille personnes peuvent aisément loger, et dont l’entrée regarde le midi. C’est là que logent les barons, les nobles et les officiers ; auprès de celle-là il y en a une autre vers l’occident, qui est comme la