Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/224

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cour et le conseil du roi, et où il entre lorsqu’il veut parler à quelqu’un. Il y a dans un quartier de cette tente un lit où le roi couche ; il y a encore d’autres chambres, cours et appartements auprès de cette tente royale. Voici comment sont bâties les tentes du roi, c’est-à-dire celles où est son lit, sa cour et son conseil ; elles sont soutenues chacune par trois colonnes de bois de senteur ornés de sculpture, couvertes de peaux de lion rouge et noir, car il y a dans ces pays-là des lions de différentes couleurs. Ces tentes ne sauraient être endommagées par les vents ni par la pluie, parce que les cuirs dont elles sont couvertes sont assez forts pour résister à toutes les injures de l’air. Les dedans des tentes sont tapissés de riches peaux d’hermines et de zibelines, quoique ces peaux soient très rares et très chères en ce pays-là. Les cordes qui soutiennent ces trois tentes sont de soie. Autour de ces trois tentes royales il y en a plusieurs autres pour les femmes et les fils du roi ; il y en a encore pour les faucons, les éperviers, les hiboux, et les autres oiseaux qui servent au plaisir de la chasse ; enfin il y a une si grande quantité de tentes qu’on dirait, quand on approche du camp, que c’est une très grande ville. Il y vient aussi une grande multitude de curieux, pour être les témoins d’un si beau spectacle, outre ceux qui sont destinés aux offices du roi, et qui ont leurs tentes tout comme ils ont leurs logements dans la ville de Cambalu ; par exemple, les médecins, les astrologues et les autres devins du roi. Le roi demeure dans cette plaine pendant tout le mois de mars, et pendant ce temps-là on prend une infinité de bêtes et d’oiseaux ; autrement il n’est permis à personne de chasser dans toutes les provinces de ce royaume-là, du moins à vingt journées d’un homme de pied à la ronde, ni aussi d’avoir aucun chien ou oiseau de chasse ; il est principalement défendu, depuis le commencement du mois de mars jusqu’au mois d’octobre, de prendre, de quelque manière que ce puisse être, des cerfs, des daims, des chevreaux, des lièvres et autres bêtes de chasse.