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noires des montagnes, qui, étant mises au feu, brûlent comme du bois ; et lorsqu’elles sont une fois allumées, elles gardent le feu pendant quelque temps, comme si, par exemple, on les allume le soir, elles durent jusqu’au lendemain. On use beaucoup de ces pierres, surtout dans les endroits où le bois est rare[1].

XXVII
De la rivière de Pulisachniz et de son pont magnifique.


Nous avons marqué jusqu’à présent, en ce second livre, la situation, la grandeur et le négoce de la ville de Cambalu ; nous avons aussi fait la description de la magnificence, de la pompe et de la richesse du Grand Khan. L’ordre veut à présent que nous parcourions les pays voisins et que nous fassions mention en peu de mots de ce qui s’y trouve, ou de ce que l’on y fait de plus particulier. Le Grand Khan m’ayant donc envoyé moi, Marco, dans les pays éloignés de son empire pour quelques affaires concernant son État, et qui m’ont retenu quatre mois en chemin, j’ai examiné toutes choses avec soin, soit en allant ou en revenant. Étant donc à dix minutes de la ville de Cambalu, je trouvai une grande rivière, appelée Pulisachniz (Lou-Khéou) qui se décharge dans l’Océan, et qui transporte beaucoup de navires marchands. Il y a sur cette rivière un pont de marbre très beau, long de trois cents pas et large de huit, composé de vingt-quatre arcades, et ayant des lions, aussi de marbre, pour base du parapet, un à chaque extrémité[2].

  1. Les pierres noires dont il est ici question ne sont autre chose que la houille, dont il est fait mention dans des livres chinois datant d’au moins vingt siècles. La houille est très abondante surtout dans les provinces septentrionales de la Chine, où l’on en fait une grande consommation ménagère. (P.)
  2. Ce pont existe encore ; mais, bien que très beau, il n’est plus tel que le décrit Marco Polo. Il a dû être reconstruit. (P.)