Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/245

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lui, eut grand’peur ; mais il dissimula sa crainte, se reposant sur ce que sa petite armée était composée de vaillants guerriers. Étant donc sorti courageusement pour présenter le combat à l’ennemi, il se campa près d’une grande forêt qui était remplie de très grands arbres, n’ignorant pas que les éléphants avec les châteaux qu’ils portent sur leurs dos ne pourraient pas venir l’incommoder là. Alors le roi de Mien apprit que les Tartares paraissaient résolus d’aller à leur rencontre ; mais les chevaux des Tartares sentant les éléphants qui étaient à l’avant-garde de l’armée de Nescordim furent si épouvantés, qu’il fut impossible par quelque moyen que ce fût de les mener du côté des éléphants, de sorte que les Tartares furent obligés de mettre pied à terre, et de les attacher aux arbres du pays et de venir à pied combattre les éléphants. Et parce que les soldats du premier rang de l’armée de Nescordim avaient tous des machines à jeter des pierres, et qu’ils étaient bons arbalétriers, ils firent une si grande décharge de flèches sur l’ennemi, que les éléphants se sentant blessés, et par la douleur de leurs blessures, se mirent en fuite et se retirèrent dans le bois avec beaucoup de vitesse ; leurs conducteurs, s’efforçant de les faire tourner contre les ennemis, ne purent en venir à bout, car ils se dispersèrent çà et là. Et, étant entrés dans le bois prochain, ils rompirent les fortifications du camp et chassèrent les gens qui le défendaient. Ce que voyant, les Tartares coururent à leurs chevaux, et étant montés dessus, se jetèrent sur le camp du roi avec beaucoup de fureur et d’impétuosité. Le combat fut sanglant, et il tomba beaucoup de soldats de part et d’autre ; le roi de Mien fut enfin mis en fuite avec les siens, et les Tartares, les poursuivant, en tuèrent encore beaucoup et obtinrent une entière victoire. Les Tartares après cela firent leurs efforts pour prendre les éléphants qui étaient dans le bois ; mais comme ils se mirent à fuir, ils n’en auraient pris aucun, si quelques-uns des gens qu’ils avaient faits prisonniers dans la bataille ne les avaient aidés ;