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en cette ville un roi fort riche, lequel, étant près de mourir, se fit faire un tombeau dont je vais donner la description. Il fit bâtir une tour de marbre de la hauteur de dix pas et épaisse à proportion : à chaque coin du mausolée étaient des tours rondes par en haut et couvertes d’or partout ; sur le sommet de ces tours, on devait mettre plusieurs petites cloches d’or, qui devaient sonner par le souffle du vent. On devait couvrir une autre tour d’argent et mettre sur le sommet des clochettes d’argent, qui devaient aussi rendre un certain son par la seule agitation du vent. Il fit bâtir ce tombeau pour immortaliser son nom et sa mémoire dans le monde[1]. Le Grand Khan, ayant subjugué la province de Mien, défendit d’endommager ce tombeau, qui était fait à l’honneur de son nom : car c’est une coutume observée parmi les Tartares de ne point troubler le repos des morts. Il y a dans cette province beaucoup d’éléphants, des bœufs sauvages, qui sont grands et beaux, des cerfs, des daims et plusieurs autres bêtes sauvages.

XLV
De la province de Bangala.


La province de Bangala (Bengale) est frontière au midi de celle de l’Inde. Le Grand Khan ne l’avait pas encore subjuguée lorsque j’étais à sa cour ; mais il avait envoyé une armée pour cela. Le pays a un roi et un langage particuliers. Tous les habitants sont idolâtres ; ils vivent de viande, de riz et de lait ; ils ont de la soie en grande quantité, et on en fait beaucoup de trafic. Il y a aussi des épices, du gingembre et du sucre en abondance, de même que diverses sortes de parfums. Il y a encore de grands bœufs qui égalent en grosseur les éléphants, mais non pas en grandeur.

  1. Les découvertes faites aux temps modernes dans ces régions confirment les assertions de l’ancien voyageur.