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Il y a en cette province beaucoup d’esclaves que les Indiens viennent quérir pour les vendre en divers pays.

XLVI
De la province de Cangigu.


Après la susdite province et avançant vers l’orient, on trouve celle de Cangigu[1], qui a aussi son roi et une langue particulière. Ses habitants sont idolâtres et tributaires du Grand Khan ; leur roi a environ trois cents femmes. On trouve beaucoup d’or dans cette province et beaucoup de parfums, mais on ne peut pas les transporter aisément ; parce que ce pays-là est fort éloigné de la mer. Il y a aussi beaucoup d’éléphants et de grandes chasses de toutes sortes de bêtes sauvages. Les habitants vivent de chair, de lait et de riz, ils n’ont point de vin ; mais ils font une boisson de riz et d’aromates, qui est fort bonne. Les hommes et les femmes ont coutume de se peindre avec des couleurs le visage, le cou, les mains, le ventre et les jambes, représentant des lions, des dragons et des oiseaux, et ils les gravent si profondément qu’il est très difficile de les effacer ; et plus ils ont de ces gravures, plus on les trouve beaux ou belles.

XLVII
De la province d’Amu.


La province d’Amu[2] est située à l’orient et sujette au Grand Khan. Les habitants sont idolâtres et ont une langue particulière. Ils ont beaucoup de troupeaux

  1. Après de longues discussions sur la situation de ce royaume de Cangigu, M. Pauthier croit pouvoir affirmer qu’il correspondait à la province de Pa-pe-si-fou, ou des huit cents belles femmes, située entre le Laos et l’empire birman.
  2. « C’est, dit M. Pauthier, l’Annam ou Toung-King qui est décrit sommairement dans ce chapitre. »