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tient une foire considérable où l’on apporte de l’Inde un grand nombre de perles et d’autres pierres précieuses ; il y a aussi du sucre en abondance et toutes sortes de vivres.

LXX
Des villes de Zeiton et de Figui.


Après avoir traversé la rivière ci-dessus, et à cinq journées de chemin, on va à la ville de Zeiton[1] ; l’on ne trouve jusque-là ni villes ni châteaux. Ce pays est abondant en tout ce qui est nécessaire à la vie ; et il y a des montagnes et des forêts ; sur les arbres des forêts on ramasse la poix. La ville de Zeiton est fort grande ; elle a un fort bon port, où il vient une grande quantité de vaisseaux indiens, chargés de diverses sortes de marchandises. Il y a un des plus beaux marchés qui soient au monde ; car le poivre et tous les aromates qui vont d’Alexandrie dans tous les pays chrétiens sont transportés de cette foire à Alexandrie. Le Grand Khan tire un fort grand revenu de cette ville, car sur chaque vaisseau il a un certain droit qui monte très haut ; peu s’en faut qu’il ne tire la moitié de chaque espèce de parfums. Il y a aussi en ce pays-là une autre ville nommée Figui (Tek-Houa) qui est considérable, surtout par les belles écuelles (porcelaines) que l’on y fait. Cette province a une langue particulière. Ce que nous avons dit jusqu’ici de la province de Mangi suffira ; et quoique nous n’ayons fait la description que de deux royaumes des neuf qu’elle comprend, nous avons jugé à propos de passer les autres sous silence pour parler de l’Inde[2], où nous avons demeuré pendant quelque temps et où nous avons vu plusieurs choses admirables et que nous avons, pour ainsi dire, touchées du doigt.

  1. Thsiouan-tcheou, dans la province du Fou-kien.
  2. Comme on le verra, le voyageur comprend sous ce nom tous les territoires asiatiques alors connus qui ne font pas partie de l’empire du Grand Khan, à commencer par le Japon, qu’il appelle Zipangu.