Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/307

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tinent et qui pourrait les surprendre, voici la ruse dont ils se servent pour l’éviter. Quand ils sont résolus à faire quelqu’une de ces courses, ils amènent avec eux des cavales avec leurs poulains, qu’ils laissent à l’entrée du pays avec des gardes, ne menant avec eus que les cavales. Et quand ils reviennent avec leur butin et que la nuit les surprend, alors, par le moyen de leurs cavales, qui s’empressent de retourner à leurs poulains, ils retrouvent leur chemin sans aucune difficulté. Car ils lâchent dans ce temps-là la bride à leurs cavales et les laissent aller à leur volonté. En quoi je trouve qu’ils ont raison de leur faire cette gracieuseté, vu le service considérable qu’elles leur rendent. Car la nature les porte tout droit à l’endroit où sont leurs poulains, et par ce moyen les hommes retrouvent leur chemin, qu’ils n’auraient pu trouver sans l’assistance de ces bêtes. Les habitants de ce pays-là ont aussi diverses sortes d’animaux dont ils tirent de précieuses pelisses, qu’ils portent dans les autres pays et dont ils tirent un grand profit.

L
De la province de Rutheni.


Les Ruthéniens (ou Russes, Russiens) occupent une très grande province, qui s’étend presque jusqu’au pôle arctique. Ils sont chrétiens selon les rites des Grecs ; ils sont blancs et beaux, tant les hommes que les femmes ; ils ont les cheveux plats. Ils payent tribut au roi des Tartares, auxquels ils sont voisins du côté de l’orient. Il y a aussi chez eux une grande quantité de pelleteries précieuses, et ils ont beaucoup de mines d’argent ; mais le pays est très froid, parce qu’il s’étend du côté de la mer Glaciale. Il y a cependant quelques îles dans cette mer où l’on trouve des gerfauts et des faucons en abondance, que l’on transporte en différentes parties du monde…

fin