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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes,2.djvu/15

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ser la frugalité de l’une et l’inexpérience de l’autre. Nous eûmes toutes les peines du monde à dissiper son erreur. À force de lui répéter qu’un déjeûner copieux fait à midi et une collation prise à quatre heures étaient les seules causes qui nous empêchassent de faire honneur à son repas, il finit par se rendre, et, pour nous prouver qu’il était sans rancune, il nous offrit de trinquer avec nous.

En sortant de table, nous nous aperçûmes qu’il faisait un clair de lune magnifique. La sérénité du ciel, le calme de la terre, joints à cette douce température qui règne en tout temps à Huaro, et permet à la pêche, à la fraise, à la poire, d’y mûrir en sécurité, nous donnèrent l’envie de faire à pied une petite promenade. La route était belle ; Urcos, le chef-lieu de la province de Quispicanchi, distant au plus d’un kilomètre ; nous avions d’excellents cigares : nous poussâmes donc jusqu’à Urcos. Un silence profond régnait dans la bourgade. Nous en fîmes deux fois le tour, appliquant notre œil aux serrures et notre oreille aux fentes des volets ; mais cette investigation n’amena aucun résultat. Toutes les lumières étaient éteintes, tous les habitants endormis. Ennuyés de ne trouver à qui parler, nous gravîmes, pour nous distraire, le serro auquel la bourgade est adossée. Parvenus à son sommet, nous jouîmes d’un spectacle charmant. Sous nos pieds, à quelques centaines de mètres, s’arrondissait le lac