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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes,2.djvu/16

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de la Mohina, ceint d’arbustes et de roseaux. De hautes montagnes, coupées à pic, l’entouraient d’une ombre noirâtre, et formaient comme un repoussoir à sa claire surface, où la lune semait une traînée de vif-argent. Quand nous nous fûmes suffisamment extasiés devant ce lac, auquel la beauté de la nuit et la clarté de la lune prêtaient un charme inconcevable, nous nous amusâmes à y jeter des pierres. Don Pedro eut beau crier au sacrilége, et nous rappeler la tradition, qui place sous les eaux de la Mohina la chaîne d’or, longue de quatre cents mètres, que l’empereur Huayna Capac fit fabriquer à l’occasion de la première coupe de cheveux d’Inti-Cusi-Hualpa, son fils aîné, nous n’en continuâmes pas moins de décrire des paraboles avec tous les cailloux qui nous tombèrent sous la main. La lassitude seule mit un terme à cet exercice.

En rentrant à Huaro, nous trouvâmes nos muletiers qui venaient d’arriver de Cuzco. Nous convînmes avec eux de l’heure du départ, qui devait être aussi matinale que possible, le chemin de Marcapata, que j’avais choisi pour me rendre aux vallées, n’ayant que deux étapes de quinze lieues chacune, qu’il importait d’atteindre chaque soir, sous peine de dormir à la belle étoile, or, la neige, qui depuis quelques jours tombait en abondance dans la sierra, eût rendu le bivouac des plus incommodes. Restait maintenant à compléter la liste des muni-