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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes,2.djvu/17

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tions de bouche, où les viandes salées, le beurre et le fromage, que je n’avais pu me procurer à Cuzco, formaient une lacune regrettable. Les muletiers, consultés à cet égard, répondirent que, pour le moment, il était inutile de se préoccuper des vivres en question, attendu qu’à Lauramarca, où nous devions passer la seconde nuit, nous les trouverions à un prix modique et de qualité supérieure. Comme il commençait à se faire tard, et que nous devions nous lever matin, j’engageai nos amis à mettre le temps à profit en faisant dresser leurs almofrez dans une vaste salle que notre hôte nous avait assignée pour dortoir. Bientôt dix matelas étaient disposés sur le sol, comme les jantes d’une roue ; le bougeoir et la bassinica en formaient le moyeu, et le dernier de nous dont la verve résistait au sommeil, se chargeait de souffler la chandelle.

Un peu avant l’aube, nous fûmes réveillés par les coups de poing que les muletiers appliquaient aux volets de notre chambre. Nous nous levâmes aussitôt, et nous procédâmes à notre toilette, pendant que les mozos harnachaient nos mules. Notre hôte, qui s’était levé en même temps que nous, nous attendait, une bouteille d’une main et un verre de l’autre, pour nous souhaiter un heureux voyage. Nous bûmes avec lui le coup de l’étrier ; nous répondîmes par une poignée de main à ses divers souhaits, et nous nous dirigeâmes vers la rivière Huilcanota, qui passe à