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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes,2.djvu/5

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du territoire et dont l’État s’était arrogé le monopole, étaient apportés dans la ville à dos d’indiens ou de mulets, et entassés sous des hangars, d’où, chaque trimestre, on les retirait pour les fondre et en façonner des lingots, qu’on expédiait à Lima, et de là en Espagne.

Or, dans la nuit du 15 au 16 décembre de cette même année 1767, San-Gaban, qui, sur la foi de son passé, dormait dans la sécurité la plus parfaite, fut incendié par les Carangas et les Suchimanis, et tous ses habitants furent tués à coups de flèche et de massue. Après un intervalle de deux siècles, les descendants des premiers possesseurs de Carabaya étaient venus demander compte aux descendants des Espagnols de l’usurpation de leurs pères.

Quand la nouvelle de cet événement fut apportée à Lima, le vice-roi Antonio Amat jura d’exterminer tous les sauvages du Pérou, sans distinction d’âge ni de sexe. Heureusement pour ces derniers, Mariquita Gallegas se chargea de plaider leur cause. La courtisane, que son surnom de Perichola, sa liaison avec le vice-roi et la fin édifiante qu’elle fit dans un cloître, ont rendue célèbre, représenta à son noble amant, que N.-S. Jésus-Christ ayant prescrit aux hommes le pardon et l’oubli des offenses, le devoir d’un chrétien et d’un vice-roi en cette circonstance était, au lieu de rendre coup pour coup, de fonder un obit perpétuel pour les victimes, et d’envoyer