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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/111

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vêtues extérieurement de blocs de grès destinés à prévenir leur éboulement. D’en bas, ces étroites plates-formes faisaient l’effet de jardinières rustiques dans lesquelles les arbres auraient été plantés. Des sources descendues des hauteurs, se précipitaient d’étage en étage avec un bruit de cascatelles, et, traversant le chemin dans des canaux en pierre, s’allaient perdre à ma droite, dans d’autres allées de poiriers, non plus étagés comme les premiers, mais symétriquement alignés sur un terrain plane, au delà duquel s’étendaient des carrés de fraises. Entre l’affreux pueblo perché sur la hauteur, et cette oasis, pleine d’ombre, de fraîcheur, de mystère, l’antithèse était si tranchée, que je me crus un instant le jouet d’une illusion. Pour dissiper mes doutes, j’entrai sous le couvert et me dirigeai en toute hâte vers les plates-bandes de fraises. J’en goûtai quelques-unes, elles étaient exquises. Certain alors que le riant verger n’était point un effet de mirage, comme je l’avais cru d’abord, et que ses fruits avaient non-seulement uns existence réelle, mais des qualités fort agréables, je crus devoir répéter, sur les poires, l’essai que je venais de tenter sur les fraises, et la première sur laquelle je tombai, m’ayant donné l’idée de passer à une seconde, je commençai aussitôt d’en remplir mes poches[1].

  1. La seule fraise cultivée dans toute l’étendue du Perdu est la