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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/124

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ces terribles chiens m’ont assailli ? » et, sur-le-champ, pour s’assurer que le végétal en question était réellement perdu, il éparpila sa collection de plantes sur la table et se mit en devoir d’en dresser l’inventaire.

Justement effrayé à l’idée qu’une pareille nomenclature pouvait se prolonger indéfiniment, et désireux d’y mettre un terme, j’engageai le professeur à reprendre haleine, et puisque la disparition de la pupusa interrompait forcément sa leçon, à remettre celle-ci à un autre jour ; puis, afin d’atténuer autant que possible l’effet désagréable que ma proposition ne pouvait manquer de produire sur l’amour-propre de mon confrère, je l’invitai à manger un morceau sans cérémonie. Les savants sont sensibles aux offres de ce genre.

Mais à peine avais-je fait cette invitation, qui, je dois le dire, ne fut point mal accueillie, que je me rappelai avec stupeur que nous étions au samedi, jour élu par ma cuisinière pour le renouvellement hebdomadaire de mes provisions, et que cette dernière, en partant pour Aréquipa, avait dû laisser le garde-manger dans un triste état. Tout en pensant que j’avais agi un peu à l’étourdie et qu’il me serait peut-être impossible de réaliser mon offre imprudente, je courus visiter le buffet et les étagères. Après maintes perquisitions, j’eus le bonheur d’y découvrir une carcasse de volaille, quelques bribes