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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/125

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de bœuf bouilli et deux ou trois sardines oubliées au fond de leur boîte dans une mare d’huile. Une entrée, un hors-d’œuvre, un rôti avec du pain anisé et une bouteille de vin de Xerès, pouvaient, à la rigueur, constituer une collation, sinon aux yeux d’un homme accoutumé à faire chère-lie, du moins à ceux de mons Tamal, dont la nourriture habituelle devait se composer de mouton sec, de patates et de fèves à l’eau. Je m’empressai donc d’apporter cette macédoine, que je disposai sur la table avec la coquetterie d’un vieux chef d’office ; et comme mes trois bambins, profitant du départ d’Antuca, avaient déserté la maison pour aller s’ébattre dans la campagne, force me fut, en leur absence, de présenter moi-même l’assiette à mon convive et de veiller à ce que la fourchette ou le couteau nécessaire, se trouvât à point sous sa main.

Soit, comme je l’avais pensé, que l’ambigu fût de son goût, soit que sa dissertation végéto-médicale eût aiguisé son appétit, il entra bravement en fonctions, mangea le pain jusqu’aux miettes, vida la bouteille jusqu’à la dernière goutte, et laissa les plats aussi luisants que si Lechuza et Gavilan les eussent nettoyés avec leur langue. Quant à la leçon de botanique, il n’en fut plus question, et je m’applaudis intérieurement du résultat de ma diversion.

Les fumées d’un vin capiteux auquel José Tamal n’était pas habitué ne tardèrent pas à lui monter à