Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au lieu de me coucher, je fis un paquet de mes hardes, je nouai dans le coin d’un mouchoir trois pièces d’or qui me restaient de mes économies passées, et, ouvrant sans bruit la fenêtre de ma chambre qui donnait sur la basse-cour, je sautai sur un tas de fumier, grimpai sur le mur, et me trouvai bientôt dans la rue. Dix minutes après, j’avais traversé la ville et je fuyais en rase campagne. Je ne m’arrêtai qu’à l’entrée du village de Sanamilla, où je fis halte un moment, puis je repris ma course avec une nouvelle ardeur. Le lendemain, au jour, j’arrivai à Paucar : j’avais fait dix-huit lieues en dix heures. Je pris quelques aliments et me couchai sous un pommier, car j’étais brisé de lassitude. Le surlendemain, j’allai m’installer dans une chicheria, où, moyennant douze sous par jour, j’obtins le vivre et le couvert. En proie à une mélancolie profonde, l’esprit obsédé de visions sinistres, je passais mon temps à errer dans la campagne, cherchant dans l’étude des plantes un allégement à mes maux : trois semaines s’étaient écoulées quand un arriero, parti de Chachapoyas, entra dans le village avec ses mules. J’appris par cet homme, qui m’était inconnu, que, depuis mon départ, plusieurs vols audacieux avaient été commis dans la cité, et notamment dans le beaterio de San-Antonio, d’où l’ostensoir d’argent avait disparu. Comme les soupçons s’étaient portés sur un étranger, un titiretero, qu’on avait vu rôder sournoisement autour de