Aller au contenu

Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la chapelle, l’intendant de police s’était empressé de lâcher les alguazils à sa poursuite ; mais l’homme avait pris les devants, et l’on ne retrouva, dans la maison qu’il occupait, qu’un polichinelle sans tête et quelques objets de peu de valeur, dont il n’avait pas cru devoir s’embarrasser. Tout cela avait été déposé au greffe comme pièces de conviction.

« Quand l’arriero eut terminé son récit, je soupirai comme si ma poitrine eût été débarrassée du poids d’une montagne, et pour remercier Dieu de la protection visible qu’il m’avait accordée en cette circonstance, je m’empressai de faire dire une messe à laquelle j’assistai très-dévotement. Persuadé, d’après la relation de l’arriero, que le titiretero et sa méprisable fille avaient quitté le pays pour toujours, je formai le projet de rentrer à Chachapoyas, afin d’y chercher un emploi qui pût me faire vivre, mes ressources pécuniaires ne pouvant me mener bien loin. Je me mis donc en route, et le second jour, à l’heure de l’oracion, je saluai par un cri de joie les tours de notre cathédrale que je ne croyais plus revoir. Une fois entré dans la ville, et comme je traversais la place du Cabildo, j’aperçus un alguazil que j’avais laissé à l’hospice avec une tumeur au genou dont il souffrait cruellement. En le retrouvant sain et sauf, mon premier soin fut d’aller le féliciter sur sa guérison ; mais, au lieu de répondre à ma politesse, cet homme me saisit brusquement au