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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/140

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collet, et, sans s’expliquer sur les motifs de son action, m’entraîna plutôt qu’il ne me conduisit chez l’intendant de police, qui, sur la déclaration de ce subalterne que j’étais bien José Tamal, le compère et le compagnon du titiretero, me traita de brigand et donna l’ordre de me conduire en prison. Je dédaignai de répondre à l’officier de justice, certain que, mon innocence une fois reconnue, l’insulte dont il me flétrissait tournerait à sa confusion. Hélas ! monsieur, cette innocence, qui faisait ma force, fut qualifiée d’hypocrisie et de mensonge quand, après trois mois d’une dure captivité, je comparus devant le tribunal. En vain je versai des torrents de larmes, en vain je me jetai aux pieds de mes juges, offrant de jurer sur la sainte croix que je n’étais point coupable ; ils ne voulurent entendre à rien, et, sans pitié pour mes pleurs et mon désespoir, ils me condamnèrent à l’unanimité au chicote et au bannissement. Le lendemain, à midi, j’étais fouetté publiquement sur la place Mayor et chassé de la ville de Chachapoyas, avec défense expresse d’y remettre jamais les pieds. Maintenant, monsieur, décidez dans votre sagesse si je n’ai pas le droit de me plaindre de la justice des hommes !

« Encore souffrant des suites de ce châtiment immérité, et tout honteux à la pensée qu’une population entière m’avait vu dans une situation aussi désagréable, je pris le chemin de la sierra, et tra-