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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/141

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versai successivement les provinces d’Ancachs, de Junin et de Castro-Vireyna. J’aurais voulu mettre l’immensité de l’orbe entre ma personne et les lieux témoins de ma flagellation. À l’idée de rencontrer un visage de connaissance, je sentais la sueur me jaillir par tous les pores, et, comme le Juif Errant, je reprenais ma marche avec une nouvelle ardeur. J’atteignis enfin la province d’Aréquipa, et je résolus d’en faire ma patrie adoptive ; mais ne trouvant dans la capitale aucun moyen d’utiliser mes talents, je pris le parti de descendre dans la vallée et d’aller voir le curé de Tiabaya, dont on m’avait vanté l’humeur charitable. La culture de mon esprit et mes façons honnêtes plurent sur-le-champ à ce respectable ecclésiastique, et comme l’emploi de sonneur de cloches de sa paroisse se trouvait alors vacant par le décès du titulaire, il s’empressa de me l’offrir. Plus tard, grâce à a considération qu’il ne cessait de me témoigner, je parvins à la dignité d’organiste et enfin à celle de diezmero, qui est un poste de confiance. Il y aura dix-sept ans, vienne la Chandeleur, que je suis venu m’établir dans ce village, où j’ai trouvé le bonheur, et que je compte habiter jusqu’à l’heure suprême où je serai appelé à rendre mon corps à la terre et mon âme à mon Créateur. »

José Tamal, en terminant, m’avoua que c’était à notre idolâtrie commune pour la phythologie, et surtout à ma qualité d’étranger, que je devais d’être