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Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/145

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comme un trait d’union entre les deux villages, j’arrivai devant ce dernier, dont je trouvai les abords obstrués par une foule compacte qui s’augmentait à chaque instant de nouveaux individus des deux sexes accourus de tous les points de la vallée, les uns à pied, les autres à cheval, quelques-uns montés sur de lourds chariots ou juchés sur des ânes, tous aux trois quarts ivres, riant, chantant, avec accompagnement de tambour, de flûte et de guitare. Les chiens, réveillés par ce bruit inaccoutumé, aboyaient au loin sur le seuil des fermes.

À force de jouer des coudes et des genoux, je parvins à me frayer un passage à travers la foule et j’atteignis la place du village, à cette heure aussi bruyante et animée qu’elle était triste quelques jours auparavant. Chercher à retrouver José Tamal dans une pareille cohue, eût été sinon une entreprise téméraire, du moins une tâche tellement laborieuse, que j’aimai mieux m’en remettre au hasard du soin de nous réunir ; m’abandonnant alors à la houle humaine qui s’agitait en tous sens, je parvins, emporté par elle et au risque d’être déshabillé vingt fois, à atterrir au seuil de l’église, où je m’arrêtai pour reprendre haleine et rajuster mes vêtements.

Sur les degrés de pierre du lieu saint, une centaine de femmes, accroupies ou couchées, la tête et les épaules enveloppées d’un rebos de laine, et ayant